InfoCom CGT soutient la journaliste Morgan Large, victime d’un acte de malveillance
Morgan Large demande juste à exercer son métier comme il se doit, dans le respect de la liberté de la presse... Photo © Malon Baldos-Coadic
Une journaliste menacée de mort, par téléphone et sur les réseaux sociaux. Une roue de sa voiture déboulonnée. Son chien empoisonné. Ses chevaux retrouvés en divagation. La porte de sa radio locale forcée. Dans quel pays se trouve cette reporter, empêchée d’exercer son métier ? Dans un État autoritaire où la liberté d’informer est un droit à conquérir ? Pas du tout... Cette consœur se trouve en France, et plus exactement en Bretagne, où elle travaille pour Radio Kreiz Breizh.
Depuis qu’elle a témoigné dans le documentaire Bretagne, une terre sacrifiée, diffusé sur France 5 le 17 novembre 2020, Morgan Large a « l’impression d’être devenue une cible ». Quelques jours après l’émission, le 30 novembre, la FNSEA de Bretagne publie une photo de son visage sur Twitter, et qualifie le documentaire de « fiction ».
Le 4 décembre, Eureden, un géant de l’agroalimentaire breton (3 milliards d’euros de chiffre d’affaires, 9000 salariés), diffuse de son côté une tribune intitulée « La Bretagne secouée par la désinformation sur France 5 » dans l’hebdomadaire Le Paysan breton, diffusé à près de 50 000 exemplaires.
Sur la boîte mail de Radio Kreiz Breizh, certains messages portaient des menaces explicites : « Message à l’attention de "Morgane" suite au reportage d’hier soir sur France 5. Honteux ! Continuez avec votre "agribashing", mais il ne faudra pas venir pleurer quand certains agriculteurs viendront s’en prendre à des gens comme vous. »
« La prochaine fois, je vais vérifier quoi ? Qu’il n’y a pas le feu à ma maison ?, s’interroge Morgan Large. À ceux qui trouvent que j’abîme la carte postale de la Bretagne, je m’excuse, mais je ne m’excuserai pas de faire mon métier. L’information est un bien commun. »
« La tentation d’imposer une omerta médiatique »
Reporters sans frontières (RSF) décrit le sabotage de sa voiture comme « un acte de malveillance extrêmement grave ». RSF, qui soutient la journaliste dans le dépôt de sa plainte, demande « aux élus locaux de dénoncer ce fait et de se mobiliser contre la tentation d’imposer une omerta médiatique sur les questions liées à l’agriculture intensive en Bretagne ».
Notre syndicat Info’Com-CGT a publié la semaine dernière, le 6 avril, jour d’un rassemblement de soutien à Morgan Large à Rostrenen, siège de sa radio, un communiqué dans lequel il « dénonce avec la plus grande fermeté les atteintes à la liberté d’informer et appelle l’ensemble de la profession des journalistes et le grand public à manifester son soutien à Morgan Large et à Radio Kreiz Breizh (RKB) ».
Info’Com-CGT appuie la plainte déposée par notre consœur auprès du Procureur de la République de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor). Le syndicat comme les membres de notre section condamnent le silence des autorités dans cette affaire et s’étonnent qu’un seul syndicat d’exploitants agricole, la Confédération paysanne, apporte son soutien à Morgan Large.
Les enquêtes de cette journaliste sur l’agro-industrie en Bretagne ont permis d’alerter le public sur le comportement schizophrène de l’État et des collectivités qui, tout en affirmant vouloir lutter contre le réchauffement climatique, encouragent des pratiques agricoles destructrices pour l’environnement.
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