Le travail n’est pas une marchandise !
Un grand merci à Alain Supiot qui nous a transmis son dernier livre en téléchargement libre, via le réseau des Convivialistes !
De quoi nourrir notre philosophie sociale et écologique !
"Ce n’est ni en défaisant l’État social ni en s’efforçant de le restaurer
comme un monument historique que l’on trouvera une issue à la crise
sociale et écologique. C’est en repensant son architecture à la lumière
du monde tel qu’il est et tel que nous voudrions qu’il soit. Et,
aujourd’hui comme hier, la clé de voûte sera le statut accordé au
travail.
Face à la faillite morale, sociale, écologique et financière du néolibéralisme, l’horizon du travail au XXIe siècle est celui de son émancipation du règne exclusif de la marchandise. Comme le montre le cas du travail de recherche, les statuts professionnels qui ont résisté à la dynamique du Marché total ne sont donc pas les fossiles d’un monde appelé à disparaître, mais bien plutôt les germes d’un régime de travail réellement humain, qui fasse place au sens et au contenu du travail – c’est-à-dire à l’accomplissement d’une œuvre."
Face à la faillite morale, sociale, écologique et financière du néolibéralisme, l’horizon du travail au XXIe siècle est celui de son émancipation du règne exclusif de la marchandise. Comme le montre le cas du travail de recherche, les statuts professionnels qui ont résisté à la dynamique du Marché total ne sont donc pas les fossiles d’un monde appelé à disparaître, mais bien plutôt les germes d’un régime de travail réellement humain, qui fasse place au sens et au contenu du travail – c’est-à-dire à l’accomplissement d’une œuvre."
Alain Supiot
Lire aussi : La force d’une idée, suivi de L’idée de justice sociale d’Alfred Fouillée
Paris, Éditions Les Liens qui Libèrent, 2019
Paris, Éditions Les Liens qui Libèrent, 2019
Tel un phénix, l’idée de justice sociale resurgit aujourd’hui de ses
cendres. Dénoncée comme un « mirage » par les théoriciens du
néolibéralisme, elle a disparu de l’agenda politique des gouvernements.
Depuis la conversion des régimes communistes à l’économie de marché,
tous les pays du monde sont engagés de gré ou de force dans une course
au moins-disant social et fiscal, qui offre pour seule perspective à
leurs peuples de « nager ou couler » dans une lutte de tous contre tous
à l’échelle du globe. Ce race to the bottom a engendré un
creusement vertigineux des inégalités, qui nourrit en retour un puissant
sentiment d’injustice, ainsi que l’émigration massive de jeunes, privés
de travail décent dans leur propre pays. Cette rage sourde contre
l’injustice est aujourd’hui captée par des démagogues, qui la détournent
vers des ennemis intérieurs ou extérieurs, sans remettre en cause les
vertus supposées de l’ordre spontané du marché.
Se vérifie ainsi une fois de plus le bien-fondé des déclarations
solennelles qui, tirant les leçons de la Première, puis de la Seconde
Guerre mondiale, avaient affirmé« qu’une paix durable ne peut être
établie que sur la base de la justice sociale ». Fruit de l’expérience
des massacres insensés du XXe siècle, ces déclarations internationales
ont consacré juridiquement une « idée de justice sociale », dont Alfred
Fouillée avait donné en 1899 la première formulation solide et
argumentée. Invitant à la relecture de ce texte séminal, Alain Supiot
retrace les avatars de cette idée et en montre la force inentamée.
Alain Supiot est titulaire de la chaire de droit du Collège de France. Il a écrit de nombreux ouvrages, dont L’Esprit de Philadelphie, la justice sociale face au marché total (Seuil, 2010) et La Gouvernance par les nombres (Fayard, 2015).
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